Le télétravail, devenu un mode d’organisation du travail incontournable notamment depuis la crise sanitaire de 2020, soulève des enjeux cruciaux en matière de santé mentale et de conditions de travail.
Nous explorons ici la manière approfondie des liens entre télétravail et risques psychosociaux (RPS), afin d’apporter des éclairages utiles pour les acteurs du monde professionnel et éviter ainsi les effets de certaines conséquences psychosociales sur la santé des travailleurs.
Des effets ambivalents sur les conditions de travail
Notre analyse révèle que le télétravail présente à la fois des effets protecteurs et aggravants sur les dimensions psychosociales du travail.
Il apparaît notamment que les télétravailleurs subissent en moyenne moins de tensions liées à l’environnement physique (bruit, interruptions, déplacements) et bénéficient d’une autonomie accrue dans la gestion de leur activité.
Toutefois, cette autonomie peut également s’accompagner d’une intensification du travail, d’un brouillage des frontières entre vie professionnelle et personnelle, et d’un isolement social plus marqué. Or, le Code du travail précise dans son article L4121-1 que « l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs« .
Ndlr : Pour en savoir plus sur les facteurs de RPS les plus risqués, consultez notre article > Cliquez ici
Une exposition différenciée selon les profils
Les effets du télétravail sur les RPS ne sont pas homogènes. Notre rapport met en évidence des disparités importantes selon le sexe, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle et la fréquence du télétravail. La question pourrait donc se poser quant à la manière d’intégrer, dans ce contexte, « l’impact différencié de l’exposition au risque en fonction du sexe » (Art. L4121-3 du Code du travail) dans l’évaluation des risques décrite dans le Document Unique d’Évaluation des Risques – DUER.
Par exemple, les cadres supérieurs, plus nombreux à télétravailler régulièrement, sont aussi ceux qui signalent le plus d’exigences émotionnelles et de conflits de valeurs.
De même, les femmes télétravaillant à domicile peuvent être davantage exposées aux interruptions liées à la sphère familiale, ce qui renforce la charge mentale.

Télétravail, RPS et charge émotionnelle
L’une des dimensions les plus préoccupantes mise en lumière par notre étude concerne les exigences émotionnelles. Les télétravailleurs, notamment dans les secteurs du tertiaire et des fonctions support, doivent souvent gérer des interactions à distance, par visioconférence ou messagerie instantanée, ce qui peut augmenter la fatigue mentale et le sentiment d’aliénation.
Le manque de soutien social, en particulier du management intermédiaire, est également un facteur aggravant.

Conditions d’un télétravail soutenable
Nous soulignons l’importance de mettre en place un cadre organisationnel clair pour encadrer le télétravail. Cela passe par une définition explicite des objectifs, un droit à la déconnexion effectif, ainsi que par une formation des encadrants à la gestion d’équipes hybrides.
Il est également recommandé de favoriser une certaine régularité dans les jours de présence sur site afin de maintenir le lien collectif et d’éviter l’isolement professionnel.
Vers une gestion proactive des RPS
Enfin, nous appelons à une gestion proactive des RPS dans les organisations pratiquant le télétravail. La référence aux 9 principes généraux de prévention décrit dans l’article L4121-2 du Code du travail reste la norme, avec un focus particuliers sur le septième qui prévoit notamment de « planifier la prévention en y intégrant les risques liés au harcèlement moral, sexuel ainsi qu’aux agissements sexistes« .
Cela implique une évaluation régulière des facteurs de risques psychosociaux, un dialogue social soutenu autour des conditions de télétravail, ainsi qu’une adaptation continue des politiques RH aux réalités du travail hybride. L’approche doit être intégrée, pluridisciplinaire, et centrée sur la prévention primaire.
Conclusion
Le télétravail n’est pas en soi générateur de risques psychosociaux, mais son encadrement détermine largement ses effets sur la santé mentale des travailleurs. L’enjeu pour les entreprises est désormais de construire un télétravail soutenable, équitable, et propice au bien-être comme à la performance.
Plus d'infos
Si vous souhaitez en savoir plus, et échanger avec nos experts, participez à nos prochaines formations de formateurs ou devenez Formateur Consultant RPS et QVCT au Centre National France SST :
